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De l'épistolaire à Tinder

  • Photo du rédacteur: Marie Davy
    Marie Davy
  • 3 janv. 2019
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 4 mars 2019


Dans l'esprit d'aucuns, le numérique s'oppose aux livres. Le virtuel contre la matière. L'infini contre l'unité. Quand il s'agit de relations amoureuses, les anciens regrettent que les jeunes se rencontrent sur instagram, meetic ou autre réseau social. Manque de romantisme, disent-ils. Et s'ils se trompaient ? Portons-nous défenseur de ce perpétuel accusé qu'est l'internet et voyons en quoi son utilisation semble être le reflet moderne des pratiques amoureuses de nos ancêtres.


Rappelons d'abord les mariages arrangés et les jeunes époux qui se découvrent pour la première fois lors d'une nuit de noces incommode. Leur rencontre était-elle plus réelle sous prétexte qu'elle fût le choix des parents ? Fussent-ils plus âmes sœurs que les couples d'aujourd'hui ? Le coup de foudre et la rencontre hasardeuse d'une homme et d'une femme qui tomberaient amoureux d'un regard est un mythe. Les rares qui l'expérimentent ignorent comment l'expliquer et leur amour reste inintelligible au commun des mortels. La drague, qu'elle se fasse dans un bar ou sur Facebook, force le destin. C'est l'individu qui fait un choix et non la vie qui place l'alter-ego sur son chemin.


Je découvrais dans La Sirène du Mississippi, où Truffaut met en scène Catherine Deneuve et Jean-Paul Belmondo, une pratique étrange au premier abord, car peu commune dans la société française du XXIe siècle : les petites annonces. Dans le journal, hommes et femmes publient à propos d'eux une mince description. Juste de quoi donner un aperçu de leur personnalité et trouver chaussure à leur pied. Les intéressés se contactent et se marient dans la foulée. A l'origine du couple : une rencontre par l'intermédiaire d'un support, qui remplace les parents et précède les réseaux.


Mais bien avant cela, il y avait les relations épistolaires, comme dans le roman qui m'a inspiré cet article : Les liaisons dangereuses, de Choderlos de Laclos. Si les personnages se fréquentent au sein de leur sphère sociale, les liens qui les unissent se tissent au fil d'échanges calligraphiques.



Autrefois, les correspondances duraient des mois pour quelques échanges, les messages étaient longs car il fallait évoquer tout d'un coup. Aujourd'hui, c'est court, rapide et dense car la conversation se forme petit à petit, comme à l'oral. Cependant, les usagers ont tendance à prendre leur temps pour répondre, histoire de se faire désirer. Le jeu de la séduction ne se perd pas, il évolue. Il existe bon nombre de similitudes entre les relations actuelles et d'antan. Les relations épistolaires ont simplement changé de support, préférant le smartphone à la lettre. Comme autrefois, elles permettent à un homme et une femme, ou bien deux femmes/deux hommes de communiquer à distance. La technologie et le progrès ont permis à cette communication distancée de se démocratiser. La pratique n'est plus réservée aux nobles et aux bourgeois. Si des sites comme Tinder ne représentent pas l'apogée du romantisme, nous ne pouvons exclure plus longtemps les rencontres sur internet du cadre traditionnel. Trop de personnes ont honte de leur profil sur les sites de rencontre. Qui ne connaît pas quelqu'un ayant inventé une fausse rencontre afin de la rendre plus féerique ? Les films hollywoodiens n'ont qu'à bien se tenir : fini d'attendre qu'un beau gosse récupère notre pile de livres ou de rencontrer l'homme de notre vie dans un taxi !


Ainsi, chaque rencontre garde sa part de mystère et de séduction, et ceux qui se cherchent sur les réseaux sociaux ne sont pas plus lâches qu'un séducteur comme Valmont.

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©2018 by Marie Davy

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