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Et si nous étions déjà transhumanistes ?

  • Photo du rédacteur: Marie Davy
    Marie Davy
  • 25 juin 2019
  • 4 min de lecture

What if ? Et si ? Cette question qui rend tout possible et qui repousse les limites. Et si nous étions déjà transhumanistes ?


Pour rappel, le transhumanisme se rapporte à l’homme augmenté. Selon Universalis, il s’agit de remplacer l’évolution biologique par “une évolution programmée de l’humanité grâce aux sciences et aux techniques. Déjà très concret aujourd’hui, de nombreuses prothèses permettent d’améliorer les capacités physiques de l’Homme”.


Si on regarde notre évolution au cours du dernier siècle, de nombreux objets connectés jouent ce rôle en devenant des extensions du corps. McLuhan, dans Comprendre les médias, explique en quoi chaque nouvelle technologie créée par l’Homme prolonge son corps. C’est clairement le cas du téléphone portable. Comme il est courant de l’entendre, il semble “greffé à notre main” ! Et peut-être qu’un jour, il suffira d’ouvrir la main pour que des applications apparaissent sur notre paume et qu’on joue au dernier jeu en ligne tendance !

J’ai pris l’habitude de vous expliquer l’origine de mes questionnements. Le “pourquoi du comment” j’ai décidé d’écrire sur tel sujet plutôt qu’un autre. Eh bien tout a commencé quand j’ai vu les airpods se multiplier. Dans le métro, dans la rue, des dizaines de personnes parlent seules. Enfin non, pas tout à fait ! Elles ont glissé dans leurs oreilles les derniers écouteurs Apple, sans fils et discrets. Si pratiques qu’on les oublie. Que ce soit l’utilisateur ou bien le regardeur, on ne remarque même plus ces nouveaux accessoires qui se sont imposés dans le décor. Comme des boucles d’oreilles qui tiennent en place et valorisent la personne qui les porte. Car, surtout au début de leur commercialisation, porter des airpods, c’était bien plus stylé que n’importe quel bijou. Comme chaque nouvel objet dernier cri. Mais voilà qu’un jour, alors que je laissais défiler les stories Instagram, j’ai vu un youtuber français retirer ses airpods “pour la première fois depuis longtemps” et “redécouvrir le son de la vie”. J’ai été frappée par cet état des lieux. Les airpods faisaient partie de lui. Il avait appris à vivre avec et s’était construit un nouvel environnement, meilleur que le précédent. Il avait amélioré son vécu en se passant des nuisances sonores comme le bruit des voitures, les klaxons, le brouhaha des passants. Il s’était isolé des autres, tout simplement.


D’ailleurs, de nombreuses améliorations technologiques tendent à nous éloigner des autres. Est-ce cela la finalité recherchée ? Est-ce le but ultime de l’Homme de s’enfermer dans une bulle personnalisée ? De créer une société dans laquelle chacun construit sa propre société ?


Pour en revenir aux airpods, je me suis dis, comme pour la paume avec applications intégrées, que nous pourrions utiliser des implants directement sur l'ouïe et déterminer le climat sonore qui nous convient le mieux. D’ailleurs, cela me fait penser à la tendance des Silent Disco, ces soirées où les participants portent un casque et peuvent généralement choisir entre deux ou trois playlists. Encore un attrait pour l’isolement avec un dancefloor qui s'individualise. Ainsi, on peut imaginer qu’améliorer l’humanité passe par le fait d’oublier, voire de censurer, les contraintes du quotidien comme la dépendance ou les nuisances sonores. Et libre à nous ensuite d’imaginer des équivalents pour améliorer chaque sens. En soi, l’homme ou la femme dont la vision est altérée utilise une extension de son corps avec les lunettes. Pourquoi ne pas créer des lunettes qui permettent de choisir l’apparence du décor ? Les chemins et les formes seraient les mêmes que dans le monde réel, afin que nous puissions vivre ensemble, mais les couleurs et les designs évolueraient selon les goûts et les humeurs de chacun. Par exemple, les déchets le long des routes ou bien les nuages dans le ciel seraient invisibles à l'oeil nu pour créer un simulacre parfait. Pour cette pensée là, on peut évoquer le développement de la réalité virtuelle qui permet déjà à l’utilisateur de se déplacer dans un monde virtuel et nouveau au sein duquel il peut déambuler sans danger !



(Cyborg de Young Justice)

L’un des risques du développement de ces outils me semble être la manipulation. Une personne avec ce genre d’extension (au niveau de l’ouïe ou de la vue) pourrait se faire pirater et manipuler via des messages qu’il serait le seul à recevoir. Le hacker pourrait éventuellement lui parler ou lui imposer des stimulus pour orienter les décisions du sujet.

Et si après Big Brother, ce surveillant malveillant issu du roman populaire 1984, on passait à Big Father, marionnettiste des temps modernes ? Les implants, directement connectés dans notre cerveau pour nous offrir de nouvelles compétences, risqueraient d'être surveillés en permanence, de la même manière qu'on observe déjà nos données personnelles sur internet.

En 2016, Elon Musk, ce génie fou des temps modernes, a créé Neuralink dans le but de connecter les cerveaux humains aux ordinateurs. Les risques liés au développement de ces puces informatiques donnent froid dans le dos...



Et personne ne pourrait aider le manipulé car personne ne saurait ce qu’il vit à l’intérieur de sa “bulle” ! Dans la dernière saison de Black Mirror, l’épisode Striking Vipers donne un aperçu des conséquences de ces bulles parallèles et technologiques lorsque deux amis se retrouvent régulièrement à l’intérieur d’un jeu vidéo. Personne ne peut savoir ce qu’il se passe entre eux et de nombreuses questions éthiques sont soulevées : pouvons-nous considérer que leurs actes dans le jeu sont vraiment arrivés ? S’agit-il bien d’eux ? Ou de leur double numérique ?



Ainsi, si on multiplie les extensions technologiques de soi, on risque de se perdre soi même. Sur les réseaux sociaux, on se crée déjà une identité parallèle. On peut imaginer que ce processus se développe avec chaque nouvelle extension du corps. Et alors, on perdrait tout repère, car comment faire des choix de vie si on poursuit plusieurs chemins ?

 
 
 

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©2018 by Marie Davy

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