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Groupie mode d'emploi

  • Photo du rédacteur: Marie Davy
    Marie Davy
  • 26 janv. 2019
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 9 avr. 2020


Les glas ont sonné, il est temps d'avouer. Nombreux sont ceux qui passent par la case "groupie". Je m'intéresse aujourd'hui à ce phénomène car je peux témoigner de cet état "fanatique" dans lequel on entre vis à vis d'une personnalité. La première question qui me vient à l'esprit est la suivante : s'agit-il d'un phénomène lié à l'adolescence ? On se souvient de la hausse d'étudiants inscrits aux cours d'allemand quand Tokyo Hôtel était au plus haut et des collégiennes qui chantaient les One Direction dans les cours de récréation. Dans ce cas, pourquoi notre cher Pascal Obispo chante-t-il "si j'existe, ma vie, c'est d'être fan !" l'année de ses 44 bougies ?



Une chose est sûre, il n'y a pas d'âge pour être fan. Le panel culturel est large et chaque artiste attire des personnes différentes. La pression sociale incite les individus à écouter les mêmes morceaux que leurs pairs et il existe de véritables phénomènes générationnels. Ainsi, je ne prends pas trop de risques si je dis qu'Aya Nakamura sera essentiellement écoutée par des jeunes. Ce n'est pas qu'elle déplaît aux cinquantenaires, mais une véritable socialisation se forme autour de l'artiste, qui communique à travers différents médias, ces derniers ciblant des profils précis. Se pose ainsi la question du choix. Sommes-nous véritablement libres face à nos goûts les plus intimes ? Si de nouvelles œuvres, musicales ou autre, sont créées chaque instant, seul un échantillon parvient à être diffuser dans les Mass Media. Ces derniers font des choix, trient, sélectionnent et nous nous contentons la plupart de temps de cet assistanat médiatique.


La culture semble liée au social. On fait partie d'un ensemble plus grand en tant que fan. Des liens se tissent avec des personnes que nous ne connaissons pas. Un étudiant en médecine à Paris et une animatrice télé à Tokyo pourraient avoir pour seul point commun l'amour d'un artiste, ils trouveraient de quoi parler. Parfois, des caractéristiques physiques sont élaborées afin de pouvoir s'identifier. Prenons le cliché du métalleux à la barbe épaisse et à la veste en jean cloutée. Plaçons-le à côté du stéréotype de la fan de musique classique qui ne laissera jamais tomber son chignon. Bien que cette même fan de musique classique puisse adorer le métal, elle ne se rendra pas habillée de la même façon au concert de Guns N' Roses qu'à la représentation de l'orchestre de Paris à la Philharmonie de Paris. Des signes permettent de s'identifier à un genre et chacun est libre de s'adapter selon la situation (cf. rôle social, Goffman).

PS : de nos jours, des T-shirts et autres accoutrements sont vendus à l'entrée des concerts, ce qui participe à l'uniformisation des plus grands fidèles.



Claude François, ambassadeur du phénomène de fans en France. Cette image illustre le cliché selon lequel une groupie est une femme hystérique. A nouveau, il semblerait que ce soit la socialisation qui joue sur le comportement des hommes vis à vis de leurs idoles. Un homme serait a priori mal jugé s'il se "rabaissait" à poursuivre une célébrité. Le terme "folie" est souvent associé aux fans, et la folie renvoie généralement à l'hystérie, névrose soit-disant réservée aux femmes. Ainsi, la notion de fans serait "féminine", ce qui n'empêche pas les hommes de l'être aussi ! Des hommes et des femmes peuvent adopter cette attitude "féminine" tout comme des hommes et des femmes peuvent opter pour un comportement plus soft. Tout est question de construction sociale. La nuance entre groupie et fan serait ce passage à la folie. Selon moi, un fan apprécie fortement les œuvres d'un artiste quand une groupie a été conquise par l'artiste.


Pour rester du côté de la socialisation et faire le lien avec l'adolescence (et tenter d'expliquer pourquoi cette catégorie d'âge est stigmatisée comme usine à groupies), rappelons que c'est à cet âge-là que l'individu s'émancipe. L'adolescent crée sa propre identité et se détache peu à peu de ses parents. C'est une phase au cours de laquelle on se cherche, on se rebelle. On veut gagner en indépendance et on s'éloigne peu à peu du modèle parental. A l'âge où les goûts et les centres d'intérêt se développent, l'individu semble s'aider de la culture pour se construire personnellement.


Pour finir... Gros plan sur une comparaison particulière qui m'est venue à l'esprit. Voici en quoi la relation groupie-artiste ressemble à celle d'un croyant envers un culte :


- Comme dans un culte, il y a une personnalité adulée. Le chanteur remplace le créateur, le gourou.


- Les concerts représentent la messe ! Comme un prête, le chanteur guide l'audience et a de l'influence sur le comportement des fans. Quand il dit "répétez après moi" et entame une série de "eh ho", le public suit. Et cette autorité semble d'autant plus frappante lorsqu'il demande à des milliers de personnes de s'accroupir et qu'ils obéissent, tout cela correspond aux rituels ! D'ailleurs, le cadre des événements (concert, cinéma, exposition) est précis : horaires, lieux, normes à respecter...


- Sans oublier l'importance de la communauté qui se regroupe autour de la personnalité. Cette dernière échange sur les réseaux sociaux et une forme de solidarité naît entre les internautes !


- Ni les prières ! Il s'agit des chansons que les fans connaissent par cœur.

D'ailleurs, l'étymologie du mot "parole" renvoie aux termes "rapprochement" et "comparaison". Un artiste, qu'il soit chanteur, acteur, sculpteur, propose une oeuvre dont la textualité sera perçue comme univoque par le fan. Une forme de proximité virtuelle semble se créer entre l'artiste et son public.


- Et le livre sacré ! Les groupies connaissent l'histoire de l'artiste, de sa naissance à la création de sa première oeuvre artistique sans oublier les moments clés comme une œuvre récompensée ou bien des événements plus personnels comme un mariage, une maladie.


Ne jouez pas les timides, on a tous quelque chose en nous de Groupie.

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©2018 by Marie Davy

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