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Le small talk des parisiens ou quand "métro" devient "météo"

  • Photo du rédacteur: Marie Davy
    Marie Davy
  • 28 oct. 2019
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 29 oct. 2019

Ce court billet m'est inspiré de mon quotidien parisien. Dans la rue, dans les couloirs de l'école ou dans le métro, les gens aiment parler métro. Et oui, l'expression "métro, boulot, dodo" est un véritable mantra ici ! Retour sur toutes les conversations possibles autour des métros parisiens et remise en question de ce sujet de prédilection...


Régulièrement, sur la chère ligne 2 que j'emprunte quotidiennement, j'entends des enfants poser des questions sur le métro parisien à leurs parents. C'est un vrai sujet et il faut les former le plus tôt possible apparemment. Pour qu'ils se sociabilisent et s'intègrent pleinement dans leur environnement, ils doivent le connaître. Tout comme on apprendrait à un enfant le nom et les bienfaits des plantes si on vivait dans la forêt !

Tantôt un petit garçon essaie d'apprendre par cœur l'ordre chronologique des stations qui suivent. Tantôt une jeune fille demande à sa mère pourquoi la ligne 13 se sépare en deux. "La ligne est en forme de fourche, et à la station la fourche, on bifurque soit vers Saint-Denis, soit vers Asnières. Il faut donc faire attention avant de monter dans le métro." Des mises en garde face à un environnement hostile, tout comme on lui dirait de se méfier de certains champignons dans la forêt...


Mais c’est aussi valable pour les plus grands… Il ne se passe pas un jour sans que j'entende un groupe d'amis échanger à propos de leur itinéraire. A Paris, on ne te demande pas ton adresse, on te demande sur quelle ligne tu es, quelle est la station la plus proche de chez-toi. Et si tu as deux lignes qui passent : c'est le Saint Graal !


Pourquoi métro rime avec météo ?


Avec mon frère, qui ne lira probablement pas cet article, on aime dire que la météo, c'est le "sujet bateau", la conversation du néant, dont la seule utilité est d'éviter un vent gênant... En Bretagne, d'où l'on vient, c'est un sujet qui revient très souvent pour entamer la conversation, comme les "small talk" qui interviennent au début des échanges professionnels pour briser la glace. C'est un sujet facile et efficace car il est commun à tous, ben oui, le ciel, on l'a tous au dessus de la tête ! Du coup, c'est un point commun inévitable et un sujet sans risque pour lancer la conversation avec quelqu'un. A Paris, on passe beaucoup de temps dans les transports en commun. D'ailleurs, dès la rentrée, tous les étudiants veulent savoir combien de temps leurs camarades mettent pour venir à la fac. Et celui qui met plus d'une heure à venir est un héros aux yeux des autres, croyez-moi !


Le métro, c'est notre dada, notre point commun, celui qui rapproche, parfois un peu trop selon les lignes et les heures de pointes (coucou la ligne 13). Parler du métro dans le métro, c'est comme parler de ce qu'on mange pendant qu'on le mange, il n'y a pas vraiment de fond. Parfois, je me dis que les gens ont peur du vide alors ils le comblent. On ne crée plus de la discussion mais des commentaires. Parler du métro, c'est être dans le descriptif, pas dans la création de valeur.


Mais bon, il y a bien des bénéfices à tirer de tout ce blabla ?


Tout comme les retards des trains SNCF ou les embouteillages sur la route des vacances, on aime parler de nos frustrations. Quitte à subir les choses, autant s'en servir pour créer de bonnes choses, ici du lien avec les autres. "Des personnes sur les voies ont bloqué ton métro pendant plus d'une heure ? Il m'est arrivé la même chose la semaine dernière !" Et vont bon train toutes les blagues autour de ces âmes en peine qui s'égarent sur les rails. "Le mec voulait faire le tour du propriétaire !" ou "Ils ont cru qu'il y avait des mines d'or, peut-être". Parce qu'un peu d'humour fait toujours oublier les méandres de la situation. Sur le coup, on s'énerve, mais une fois dehors, on est ravi de raconter l'anecdote à nos amis. Comme si on venait de vivre quelque chose d'exceptionnel, un événement ! Pendant le trajet monotone du métro, il s'est passé "ça", ce qui fait que notre quotidien a été bousculé. La linéarité des lignes de métro a été bouleversée.


Et finalement, je comprends tout de même la logique de ces discussions. Quand je suis en Bretagne, mes amis me parlent des problèmes rencontrés sur la route, de la fois où leur voiture est tombée en panne, etc. Le sujet est le même : on passe chaque jour une partie de notre temps à aller d'un point A à un point B. Ces moments ne sont pas spécialement intéressants car on ne fait pas une activité (sportive ou intellectuelle ou sociale) mais c'est un moment "éponge" entre une activité et une autre. Or, ces moments de passivité prennent de la place dans notre journée et laissent le temps au cerveau d'observer son environnement, car, du moins dans le métro, il n'est pas autant stimulé que pendant un cours magistral, par exemple. Ainsi, on remarque plus les détails qui nous entourent et on se retrouve avec un tas d'informations factuelles et peu intéressantes à raconter à ceux que nous retrouvons lors de notre activité B.



Le mot de la fin : On dirait bien que les lignes de métros tissent des connexions entre les lieux et les personnes.

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©2018 by Marie Davy

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