Partageons l'égoïsme
- Marie Davy
- 10 mai 2019
- 3 min de lecture
Cher égoïsme,
Ou plutôt, à tous les égoïstes que nous sommes. Et il faut l’être. Car nous préférons tous la présence d’êtres heureux à celle des pessimistes.
Quand j’étais petite, je pensais que j’étais seule sur terre. D’ailleurs, je pensais qu’il n’y avait pas de terre. Que seule mon imagination, cette substance non-malléable, existait et créait de toutes pièces le reste. Dans mon esprit un peu trop imaginatif de gamine, je pensais que mes proches et les autres n’étaient que des figurants. Que toute cette mise en scène que j’appelais la vie servait à occuper mon esprit. Alors pourquoi être timide envers ceux qui n’existeraient que pour moi ? Pourquoi ne pas prendre d’initiatives quand tout serait orchestré pour moi ? J’ai découvert bien plus tard qu’un mouvement appelé Solipsisme reprenait cette doctrine. Selon Wikipédia, le Solipsisme consiste à penser qu’il n'y aurait pour le sujet pensant d'autre réalité acquise avec certitude que lui-même. En effet, comment vérifier que les autres pensent si nous n’avons pas accès à leur psyché. Descartes disait “je pense donc je suis”, mais qui sont les autres ?
Et si tout, vraiment tout, n’était qu’une invention du cerveau ?
Prouvez-moi que vous pensez, moi-même je ne peux vous prouver mes pensées.
En grandissant, j’ai bien fini par prendre conscience de l’existence d’autrui, rassurez-vous. Mais je me dis que cette doctrine peut servir de philosophie. Lors d’un stage très inspirant auprès de chercheurs en sciences humaines, l’un d’entre eux croyait dur comme fer que celui qui croit qu’il va réussir a bien plus de chances de réussir. Oser dire “je vais réussir” serait déjà une partie du chemin vers la réussite. La pseudo-persuasion que l’univers serait à notre merci peut être un véritable facteur de stimulation. Si je crois que tout s’articule autour de moi, alors pourquoi ne pas faire mes propres choix et assumer qui je suis et vivre ma vie ? Si chacun regardait un peu plus son nombril et l’assumait, sans se sentir au-dessus des autres mais en se regardant tous les matins dans le miroir pour se dire “tu es le maître de ta vie”, alors sûrement que l’humanité se porterait mieux qu’aujourd’hui. Au lieu de ça, on se cache et on fait nos coups en douce. STOP ! Vive l’égoïsme généralisé. Soyons tous individuellement heureux pour vivre dans une société heureuse.
Dernièrement, quand des amis réclamaient mes conseils, je jouais le petit diablotin. “Pense d’abord à toi et fais ce que tu veux.” Personne ne veut avoir de regrets. Pour “kiffer” sa vie, il faut faire ce qui nous plaît et nous éloigner de ceux qui nous empêche de toucher le bonheur. Notre vie ne concerne que nous et il faut savoir prendre soin de soi et se mettre au centre de nos attentions pour vivre sans pression.
Bien sûr, l’égoïsme au sens où je l’entend n’a rien à voir avec la méchanceté et le rejet des autres. Il ne faut pas nier l’entraide et la solidarité, mais se permettre de faire ce qu’on a envie et arrêter de se forcer à faire des choses pour plaire aux autres. Car vivre pour les autres ne nous rendra pas la vie plus douce. Or elle est si courte qu’il ne faut pas se perdre auprès de tous pour avancer sans doutes.

Bien qu’invraisemblable, le Solipsisme peut devenir un dicton de vie. Au quotidien, on ne vit qu’avec soi, notre unique compagnon. Même les couples mariés depuis des années, ceux qui se connaissent par coeur, n‘accèdent jamais véritablement aux pensées de l’autre. Au bout du compte, il ne reste que soi. Alors il faut vivre avec les autres pour se compléter et s’épanouir, mais il faut aussi s’aimer et s’assumer pour pouvoir vivre avec les autres. Au fond, on ne peut qu’être un minimum égoïste dans le sens où il y aura toujours des moments où nous ferons des choix pour nous. Rien que nous.
Comments