Les limites de la communication
- Marie Davy
- 1 mars 2019
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 mars 2019
Le paradoxe est le suivant : La communication se veut transparente mais produit un effet d'opacité du fait qu'on ne retienne que la Communication.

Emmanuel Macron a fait une maraude sans la presse. Nous l’apprenions en début de semaine via les réseaux sociaux de sa photographe officielle. Quand une collègue l’a évoqué, je me suis surprise moi-même à lancer : «que du fake» ! Par là, je voulais dire que c’était une stratégie de ne pas convoquer les médias pour ne pas donner l’impression que le président cherche à se donner une bonne image. Mais le fait que sa photographe officielle soit présente et diffuse l’information montrait bien l’enjeu communicationnel derrière. La réponse de ma collègue m’a permis de réfléchir, je l’en remercie. En effet, elle s’est interloquée : «s’il ne fait rien, on le critique, mais quand il agit, on le critique aussi». N’est-ce pas là le fléau de la fonction présidentielle ?
Comme je le disais dans mon premier article : sans médias, pas d’événements.
Communiquer fait partie des missions premières d’un président. Pour son image, certes, mais aussi pour sensibiliser et informer. En tant que représentant des français, un président doit aller à la rencontre du peuple. Il pourrait le faire seul dans son coin, je vous l’accorde, mais il laisserait alors tomber son écharpe présidentielle pour redevenir un homme parmi les autres. Le président, pendant 5 ans, est sans cesse en représentation. Il doit rendre des comptes et les français veulent être informés de ses déplacements/actions, c’est ce qu’on appelle la transparence.
S’il n’avait pas communiqué sur la maraude, alors la maraude n’aurait eu que peu d’effet. Car il n’a pas maraudé seulement pour apporter du café à quelques sans-abris, ce n’est pas son rôle et ce serait insignifiant. Sa casquette de président lui impose de marauder au nom de la France. Si personne n’est informé de cette action, alors elle n’a jamais existé.
Le fait que ce soit le compte officiel de la communication peut déranger, mais s’il s’agissait de comptes amateurs, l’impact aurait-il été le même ? Ne les aurions-nous pas soupçonnés de collaborer ?
On a tendance à confondre communication et propagande. On ne communique pas forcément dans le but de manipuler. On communique pour placer dans l’espace public des débats démocratiques. Mais si la méfiance est une forme d’intelligence, il ne faut pas tomber dans l’excès, au risque de frôler la schizophrénie !
Comme l’a dit une personne de mon entourage, le plus important, c’est que la communication respecte les participants. Dans le cas de la maraude, la démarche de l’Elysée aurait été irrespectueuse envers les sans-abris si les caméras de télévision les avaient encerclés, ce qui les aurait importunés. Sans parler du problème éthique que soulève l’introduction d’images de personnes à la rue directement dans les foyers français.
Ainsi, en matière de communication, il ne semble plus avoir de bonnes ou de mauvaises solutions. Dans notre société, la communication est omniprésente et les individus en ont pris conscience, au point d’oublier parfois l’objet de la communication. À force d’être sans cesse sollicités, nous connaissons les rouages de la publicité pour nous faire aimer ou adhérer. Mais n’oublions pas que cette course à la visibilité est surtout liée à l'information massive. Alors oui, le président communique, et oui, il cherche à se faire aimer (on sait à quel point les sondages sont sollicités en politique), mais au delà de la communication, il y a des messages et des actions. Ne les oublions pas.
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